Alcool au volant et refus de prélèvement sanguin : les conséquences pénales

La conduite sous l’influence de l’alcool est une infraction sérieuse, qui peut entraîner des accidents de la circulation avec des blessés graves. Mais que se passe-t-il lorsque le conducteur responsable refuse de se soumettre à un prélèvement sanguin pour établir son taux d’alcoolémie ? Cet article vous présente les conséquences pénales liées à ce refus dans le cadre du droit pénal français.

Le cadre légal du prélèvement sanguin pour les conducteurs alcoolisés

En France, la limite légale d’alcoolémie autorisée pour les conducteurs est de 0,5 gramme par litre de sang (ou 0,25 milligramme par litre d’air expiré). Lorsqu’un individu est suspecté d’avoir conduit en état d’ébriété, les forces de l’ordre peuvent procéder à un contrôle d’alcoolémie, généralement effectué avec un éthylotest. Si le résultat est positif, le conducteur est alors soumis à un prélèvement sanguin pour confirmer et quantifier son taux d’alcoolémie.

Cependant, certaines personnes peuvent refuser ce prélèvement sanguin pour diverses raisons (peur des aiguilles, convictions religieuses…). Dans ce cas, il convient de différencier deux situations :

  • Le refus de se soumettre au prélèvement sanguin sans circonstances aggravantes (pas d’accident, pas de blessés) est une infraction passible d’une amende et d’un retrait de points du permis de conduire.
  • Le refus de se soumettre au prélèvement sanguin après avoir causé un accident avec des blessés graves constitue un délit pénal, dont les conséquences peuvent être beaucoup plus lourdes pour le conducteur responsable.

Les conséquences pénales en cas de refus du prélèvement sanguin après un accident grave

L’article L234-9 du Code de la route prévoit que le refus de se soumettre à un dépistage de l’alcoolémie ou à une prise de sang après un accident ayant entraîné des blessures graves est puni des peines suivantes :

  • Une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à deux ans,
  • Une amende pouvant atteindre 4 500 euros,
  • Un suspension du permis de conduire pour une durée maximale de trois ans.

Ces sanctions sont cumulatives et peuvent être prononcées conjointement par le tribunal correctionnel. Il est important de noter que le refus du prélèvement sanguin peut également constituer une récidive, ce qui peut entraîner des sanctions encore plus sévères.

Le refus du prélèvement sanguin et les autres délits liés à l’accident

Outre le refus du prélèvement sanguin, le conducteur responsable de l’accident peut également être poursuivi pour d’autres infractions pénales en lien avec la conduite sous l’influence de l’alcool :

  • L’homicide involontaire, si l’accident a causé la mort d’une ou plusieurs personnes,
  • Les blessures involontaires, si des blessés graves sont à déplorer,
  • La conduite sous l’empire d’un état alcoolique, qui est elle-même un délit passible de sanctions pénales.

Dans ce contexte, le refus de se soumettre au prélèvement sanguin peut être considéré comme une circonstance aggravante, renforçant les peines encourues pour les autres infractions commises.

La responsabilité civile et les indemnisations des victimes

Au-delà des conséquences pénales, le refus du prélèvement sanguin peut également avoir des répercussions sur la responsabilité civile du conducteur. En effet, celui-ci peut être tenu de réparer les dommages causés aux victimes et à leurs proches (indemnisation, versement d’une pension…).

Dans certains cas, le refus de se soumettre au prélèvement sanguin peut entraîner la résiliation du contrat d’assurance automobile et la mise en cause de la garantie responsabilité civile. Les victimes pourront alors se tourner vers le Fonds de garantie des assurances obligatoires de dommages (FGAO) pour obtenir réparation.

En conclusion, refuser un prélèvement sanguin après avoir causé un accident grave sous l’influence de l’alcool est une décision lourde de conséquences sur le plan pénal. Les sanctions encourues sont sévères et peuvent gravement impacter la vie du conducteur responsable, tant sur le plan juridique que financier. Il est donc essentiel de prendre conscience des risques liés à cette infraction et d’adopter une conduite responsable pour éviter de tels drames.