Gestation pour autrui (GPA) : vers une légalisation progressive et encadrée ?

La question de la légalisation de la Gestation pour autrui (GPA) soulève de nombreux débats et controverses. En tant qu’avocat, il est important d’analyser les enjeux juridiques, éthiques et sociaux qui entourent cette pratique afin d’envisager une possible légalisation encadrée.

Qu’est-ce que la GPA et quelles sont ses implications juridiques ?

La Gestation pour autrui (GPA) désigne le recours à une femme porteuse, qui accepte de porter un enfant pour le compte d’un couple ou d’une personne seule. Dans certains cas, les ovules de la mère d’intention sont utilisés, tandis que dans d’autres cas, des ovules provenant d’une donneuse sont nécessaires. La GPA soulève plusieurs questions juridiques, notamment en ce qui concerne la filiation, le consentement et les droits des personnes impliquées.

L’état des lieux de la GPA dans le monde

Dans certains pays tels que les États-Unis, la GPA est légale et encadrée par des lois spécifiques. En revanche, elle demeure interdite dans plusieurs pays européens comme la France, l’Allemagne ou encore l’Italie. Les législations varient considérablement d’une juridiction à l’autre : certaines autorisent uniquement la GPA altruiste (sans rémunération pour la mère porteuse), tandis que d’autres permettent également la GPA commerciale (avec rémunération).

Les arguments en faveur d’une légalisation de la GPA

Certains avocats et experts soutiennent que la légalisation de la GPA pourrait être bénéfique à condition qu’elle soit encadrée par des lois strictes. Ils avancent plusieurs arguments :

  • La légalisation de la GPA permettrait à des couples infertiles ou homosexuels, ainsi qu’à des personnes seules, de réaliser leur désir d’enfants.
  • Un cadre juridique clair protégerait les droits et intérêts des parents d’intention, des mères porteuses et des enfants nés par GPA.
  • La GPA encadrée pourrait limiter le « tourisme procréatif », qui consiste à recourir à des mères porteuses dans des pays où la pratique est autorisée, souvent dans des conditions précaires.

Les arguments contre une légalisation de la GPA

D’autres avocats et spécialistes s’opposent fermement à une légalisation de la GPA, estimant que celle-ci comporte des risques éthiques et sociaux :

  • La GPA peut être perçue comme une marchandisation du corps humain et une exploitation des femmes.
  • Le consentement libre et éclairé de la mère porteuse pourrait être remis en question, surtout si elle est rémunérée.
  • L’intérêt supérieur de l’enfant peut être compromis, notamment en ce qui concerne sa filiation et son identité.

Comment envisager une légalisation encadrée de la GPA ?

Si une légalisation de la GPA devait être envisagée, il serait essentiel d’établir un cadre juridique strict afin de protéger les droits et intérêts de toutes les parties concernées. Voici quelques pistes à considérer :

  • Mettre en place un dispositif d’agrément pour les mères porteuses, afin de s’assurer qu’elles sont pleinement informées des risques et conséquences de leur engagement.
  • Privilégier la GPA altruiste plutôt que commerciale, pour éviter toute exploitation financière.
  • Établir des règles claires en matière de filiation, afin d’éviter toute contestation ultérieure.
  • Créer un suivi médical et psychologique pour les mères porteuses et les enfants nés par GPA.

Dans ce contexte complexe et sensible, il appartient aux législateurs et aux différents acteurs concernés (avocats, médecins, associations) de travailler ensemble pour déterminer si une légalisation encadrée de la gestation pour autrui est souhaitable et réalisable.